Eurostar vs avion : pourquoi le train est-il plus cher ?

150 euros pour traverser la Manche sur des rails, 39 euros pour s’envoler au-dessus. La logique ? Elle n’est pas où on l’attend. Depuis des années, prendre l’Eurostar entre Paris et Londres coûte plus cher que de sauter dans un avion, même si la distance est la même et que le temps de trajet diffère à peine. Pendant que les taxes d’aéroport sont allégées par des exonérations bien taillées, le train paie, lui, plein pot pour chaque kilomètre parcouru. Les compagnies aériennes reçoivent des coups de pouce plus ou moins discrets, alors que le rail doit composer avec la TVA et des redevances fixes. Ce déséquilibre s’installe, persistant, malgré les discours européens vantant une mobilité plus verte.

Eurostar et avion : un écart de prix qui interroge les voyageurs

Sur le Paris-Londres, la question n’a rien de théorique : pourquoi faut-il sortir le grand portefeuille pour le train, quand l’avion promet des tarifs cassés ? Le duel Eurostar vs avion s’affiche en toutes lettres sur les comparateurs, et le paradoxe saute aux yeux. Il suffit de choisir une date : parfois, le billet Eurostar grimpe à 160 euros, alors que chez EasyJet, on s’en sort pour moins de 50 euros l’aller simple. La situation se répète sur d’autres axes européens, de Paris à Barcelone ou Milan.

Sur le plan tarifaire, ces deux modes de transport ne jouent pas avec les mêmes cartes. Eurostar, tout comme la plupart des compagnies ferroviaires, doit s’acquitter de redevances d’utilisation des infrastructures et de péages qui pèsent lourd dans les finances. Dans le même temps, Ryanair ou EasyJet remplissent leurs avions jusqu’à la dernière place et misent sur une rotation maximale, de sorte que chaque siège rapporte. Affichés en grand, les prix d’appel des billets d’avion masquent parfois le coût réel du voyage, mais frappent fort d’entrée.

Voici ce qu’il faut prendre en compte pour comparer le train et l’avion de façon concrète :

  • Centre-ville à centre-ville : l’Eurostar relie directement Gare du Nord à Saint Pancras, aucune navette ni détour. L’avion impose Roissy ou Orly, suivis d’une traversée jusqu’au cœur de Londres.
  • Souplesse des billets : la flexibilité coûte très cher sur les rails. Dans l’aérien, les tarifs les plus bas sont souvent associés à des billets non modifiables.

L’expérience ferroviaire promet moins d’attente, plus de confort, aucune rupture de charge. Ceux qui la privilégient le font pour le confort ou l’impact écologique réduit. Reste que le tarif élevé fait hésiter, et nombreux sont les voyageurs qui glissent vers la solution aérienne, malgré la foule de passagers annuels transportée par Eurostar.

Quelles réalités économiques expliquent le coût du train ?

Derrière chaque billet pour un Eurostar ou un TGV, la facture se découpe différemment de celle de l’aérien. Les péages ferroviaires représentent parfois jusqu’à 40 % du prix d’un billet, selon la SNCF. Cet argent finance l’entretien, la modernisation et la sécurité des voies, un aspect difficilement compressible.

Un autre facteur entre en jeu : le coût du personnel. Un train mobilise une équipe complète à bord et du renfort sur les quais, en contrôle, surveillance, assistance en gare. Face à cela, les compagnies aériennes à bas prix taillent dans tous les postes pour réduire au maximum leurs frais fixes.

Vient ensuite la politique tarifaire côté ferroviaire. Les tarifs fluctuent selon la demande, l’antériorité d’achat, la flexibilité du billet… Accéder aux tarifs planchers relève parfois de la loterie, alors que la majorité des voyageurs continue de payer davantage pour réserver à une date rapprochée.

La fiscalité ajoute sa pierre à l’édifice. L’électricité qui fait avancer le train subit la TVA à 20 % et d’autres taxes, là où le carburant aérien passe entre les mailles du filet. Cette différence, souvent dénoncée, continue de peser lourd sur la note finale.

Poids des politiques publiques et fiscalité : le train désavantagé face à l’aérien

Le train paie le prix fort pour sa dimension écologique. Eurostar comme ses homologues s’acquittent d’une TVA de 20 % sur les billets en France mais aussi de taxes sur l’énergie consommée à chaque trajet. Pour l’avion, la donne n’a rien de comparable : le kérosène échappe aux taxes dans toute l’Union européenne, et les billets échappent à la TVA hors vols nationaux. Résultat : le différentiel fiscal rend chaque trajet en train mécaniquement plus cher.

Quand les institutions européennes essaient de rééquilibrer la donne, le blocage demeure, notamment sur la taxation du carburant. Les chiffres le confirment, voyager en train coûte en moyenne deux fois plus cher qu’en avion sur les grandes lignes européennes.

Des ONG, des collectifs climat et autres associations ne cessent de pointer ce système du doigt. Subventions sur les taxes aéroportuaires, exonération sur le carburant, avantages multiples pour le secteur aérien : tout concourt à rendre les billets d’avion imbattables. Pendant ce temps, le train, pourtant promu comme la voie d’un futur soutenable, reste moins accessible financièrement sur la plupart des grands trajets.

Homme d

Choisir son mode de transport : prix, environnement et arbitrages personnels

Face à ce différentiel persistant entre train et avion, chaque déplacement se transforme en arbitrage précis. Que ce soit Paris-Londres, Barcelone, Milan ou Amsterdam, aller en Eurostar ou en TGV demande souvent plus de moyens que les billets proposés chez EasyJet ou Ryanair. Mais le choix ne se limite plus à la dépense.

Désormais, le trajet ne se décide pas uniquement sur le budget. Temps porte-à-porte, confort en voyage, gestion des bagages ou ponctualité entrent dans la balance. Côté train, simplicité et gain de temps séduisent : pas besoin de parcourir des kilomètres pour atteindre l’aéroport de Gatwick ou de Beauvais, pas d’attente interminable, arrivée directe en centre-ville. Pourtant, la différence tarifaire continue de peser, notamment pour les voyageurs provenant de Lyon, Marseille ou Bordeaux.

La question environnementale a pris une nouvelle importance. Voyager de Paris à Londres en Eurostar, c’est réduire ses émissions de CO2 de près de 90 % par rapport à l’avion. Certains acceptent cette dépense supplémentaire par conviction, d’autres privilégient le temps ou leur porte-monnaie.

Pour y voir plus clair dans les arbitrages, voici les critères majeurs pris en compte lors du choix :

  • Prix : l’avion remporte la bataille, surtout avec les compagnies à bas prix
  • Emissions de carbone : le train reste loin devant, largement favorable sur le plan écologique
  • Temps porte-à-porte : souvent au coude à coude, tout dépend du trajet précis et de la localisation

Voyager en Europe, aujourd’hui, c’est souvent jongler entre contraintes, convictions et nécessités pratiques. Les voyageurs choisissent, repoussent, arbitrent, attendant que les équilibres politiques et fiscaux évoluent enfin et que la promesse d’un rail accessible devienne réalité.